Comment on se finance ? (et pourquoi on n'est pas 100% gratuits) ?

Parlons un peu de notre modèle économique, et faisons, ça ne mange pas de pain, un peu d’esprit critique dans la foulée (bonjour la déformation professionnelle).  

TROIS PRINCIPES

D'abord posons trois principes fondamentaux de notre économie (on a piqué l'idée à un monsieur qui s'appelle Isaac Asimov):

- Premier principe: dans une société marchande, adoptant un système d'échanges basé sur une monnaie, tout a un prix. Cela vaut pour ... absolument tout: votre téléphone, vos vêtements, votre logement, votre divertissement, votre nourriture, votre éducation, votre santé. Tout a un prix (oui, même les services publics non marchands), sauf peut-être l'amour (et encore...).

- Deuxième principe, qui est la conséquence du premier: si c'est gratuit, c'est vous le produit.

- Troisième principe (qui découle aussi du premier): le salaire est le prix du travail (et on a bien dit "prix", pas "coût", ni "charge").

Partant de là, si on veut proposer un bien ou un service à une personne, il faut que quelqu'un paie.

Si le bien ou le service ne vous est pas facturé (i.e il est "gratuit"), c'est l'entreprise/l'Etat/toute autre organisation qui paie le travail de ceux qui réalisent le bien ou le service, à travers un salaire (ou toute autre forme de rétribution inventée dans une société uberisée). Sans rentrée d'argent, ce n'est pas viable à long terme (c'est pour ça que les entreprises se financent, et que les Etats lèvent des impôts...).

Si le bien ou le service vous est facturé, vous payez directement la création de ce bien ou de ce service. Sans rentrée d'argent de votre côté, ce n'est pas viable à long terme (c'est pour ça que vous avez ou aurez un salaire).

Donc nous, jeune entreprise dynamique et large d'épaules, nous avons besoin d'argent pour vous proposer nos services, et il faut que quelqu'un paie. Et comme nous ne recevons aucune subvention publique (ni privée d'ailleurs), nous devons nous financer autremement.

DEUX MODELES POSSIBLES

Sur internet, il y a une bonne dizaine de manières de financer une entreprise. Pour un site de notre espèce, qui produit de la matière grise, il y en a 2, schématiquement : 

1) Se financer par des contenus payants (par exemple, nos prépas).

2) Se financer par la pub

NOTRE CHOIX

Commençons par dire qu’aucun de ces deux modèles de financement n’est meilleur que l’autre (même si on a une préférence). Ce sont juste deux manières de concevoir les choses.

Pour notre part, on a choisi le premier modèle sans hésiter, pour plusieurs raisons :

1) On a la main sur la qualité de ce qu’on vous vend

Quand on choisit de se financer par la pub, on accepte l’idée de toucher une commission sur un produit vendu par un tiers. Et si ce produit est une sauce tomate bourrée de pesticides ou une paire de chaussures fabriquée par des petites mains au Bangladesh... on n'y peut pas grand chose.

Alors que quand on vous vend notre propre travail, on peut s’assurer qu’il est bon, qu’il est utile, qu’il vous aide, et que vous en avez pour votre argent. 

2) On est indépendant de la quantité

Financer un site par la pub n’est possible que si on a beaucoup de trafic (ou alors on gagne 27€ par mois). Ce qui n’est pas problématique en soi, mais incite davantage à écrire des articles à clic facile. Si vous dépendez de la pub, vous devez absolument faire du volume pour survivre, et donc, écrire des choses dont vous savez que beaucoup de gens les liront, et facilement. En clair, il vaut mieux écrire un article de 400 mots sur “Comment améliorer sa culture générale facilement en une semaine” que de faire un vrai papier de fond de 2 ou 3000 mots, qui sera plus intéressant, mais touchera moins de gens. Nous, ce n'est pas ce qui nous intéresse.

3) Le modèle de contenus gratuits financé par la pub n’est pas gratuit

“If it’s free, then you’re the product”. Cet adage du milieu de la pub depuis les années 70 résume le mieux l'idée. 

Réfléchissons deux secondes. En France, les entreprises ont déboursé 4,9 milliards d’euros pour la pub sur internet en 2018. Et alors quoi, elles ont fait une perte de 4,9 milliards ? Non. Donc, qui a payé ? Nous. Juste, c'est intégré dans le prix. 

Qu'on se comprenne, on ne dit pas que c'est mal. On dit que la pub n'est pas gratuite, et que les sites qui font du contenu dit "gratuit" sont gratuits comme nous on est nonces apostoliques. Notre conseil de grands frères : lâchez cette frénésie de la gratuité. Vous le payez autrement. 

Et ne nous dites pas que la pub ne marche pas sur vous. En 2020, on cible votre âge, votre genre, votre navigateur, la taille de votre écran, vos goûts, vos intérêts, votre histoire de navigation… et on choisit les produits qu’on fait apparaître pour vous (cette paire de chaussure que vous aimez sur Zalando), où on la fait apparaître (dans votre messenger), à quelle récurrence (3 fois par semaine, à 17h, parce que c’est à ce moment-là que vous consultez le plus souvent votre téléphone), et le nombre de fois (7 fois, c’est le nombre moyen de fois qu’on doit voir une marque pour qu’elle nous devienne familière). Si on veut vous vendre quelque chose, on vous vendra quelque chose :)

En conclusion

Long story short : le modèle “gratuit” financé par la pub ne nous convient pas. On a donc choisi le modèle de financement à l’ancienne. On vend nos propres prépas en ligne, élevées au grain, en extérieur, et sans antibiotiques. 

ps : pour le plaisir, le génial  Alan Watts, à propos de l’argent, justement, de technologie, et de revenu universel (Youtube, 8 minutes). 

OU VA VOTRE ARGENT ?

Voici grosso modo la répartition de nos dépenses. Comme ça, vous savez.